Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/63

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IV. Et comment peut-on supposer, ainsi que l’a remarqué Realdo Colombo, que les poumons ont besoin d’une si grande quantité de sang pour leur nutrition, quand le vaisseau qui les nourrit, c’est à-dire la veine artérieuse, dépasse en dimension les deux veines crurales, branches terminales de la veine cave descendante ?

V. Et, quand les poumons sont si rapprochés des veines artérieuses, animés d’un mouvement continuel et nourris par des vaisseaux si considérables, quel besoin y a-t-il des contractions du ventricule droit, et pourquoi la nature a-t-elle, pour nourrir les poumons, cru nécessaire d’ajouter au cœur un second ventricule ?

On dit que le ventricule gauche attire des poumons et du fond du ventricule droit l’air et le sang pour former les esprits, et pour lancer dans l’aorte le sang vivifié par les esprits, et que les vapeurs épaisses (fuliginosités) du sang sont rejetées dans l’artère veineuse, et de là dans les poumons, tandis que les esprits sont rejetés dans l’aorte. Mais pourquoi sépare-t-on les esprits et les vapeurs épaisses du sang, tandis qu’en réalité ils sont intimement unis ? Si les valvules tricuspides ou mitrales n’empêchent pas le passage des vapeurs dans le poumon, comment empêcheront-elles le passage de l’air ? Comment les valvules semi-lunaires arrêteront-elles les esprits qui tendent à revenir de l’aorte au moment de la diastole du cœur ? et enfin comment peut-on dire que le sang