Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/64

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chargé d’esprits est distribué par l’artère veineuse du ventricule gauche dans les poumons, sans que les valvules tricuspides lui fassent obstacle, lorsqu’on affirme que l’air passe par ce même vaisseau des poumons dans le ventricule gauche, et que les valvules tricuspides s’opposent à ce qu’il sorte de ce ventricule ? Grand Dieu ! les valvules tricuspides empêcheraient l’air de sortir et n’empêcheraient pas le sang !

De plus on a attribué à la veine artérieuse, vaisseau considérable, doué d’une tunique artérielle, un usage spécial et unique, à savoir la nutrition des poumons ; mais pourquoi vient-on dire que l’artère veineuse, d’un calibre aussi considérable, possédant la tunique molle et lâche d’une veine, a été destinée à trois ou quatre fonctions ? On veut que par ce vaisseau l’air passe des poumons dans le ventricule gauche ; on veut aussi que par lui les vapeurs du sang aillent du cœur dans les poumons. On veut que par lui une portion du sang animé par les esprits parte du cœur pour réchauffer les poumons.

Ainsi on veut que par le même vaisseau les vapeurs et l’air soient chassés du cœur et y arrivent ; mais la nature n’a pas coutume de faire un vaisseau et une voie uniques pour des mouvements et des usages contraires. Pareil phénomène n’a jamais été vu nulle part.

On prétend que les vapeurs et l’air passent et repassent par cette voie, comme dans les bronches