Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/67

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ces mêmes ouvertures le ventricule droit attire les esprits du ventricule gauche, plutôt que le ventricule gauche attire le sang du ventricule droit ? Il serait vraiment étrange et bizarre que dans ce même instant le sang soit entraîné dans des pores invisibles et imperceptibles, plus facilement que l’air dans de larges vaisseaux. Et pourquoi recourir pour le passage du sang dans le ventricule gauche à des pores cachés, invisibles, incertains, quand il y a par l’artère veineuse une si large voie ? J’admire en vérité qu’on préfère faire passer le sang à travers la cloison du cœur, épaisse, dure, dense, et très compacte, plutôt que par ce vaisseau veineux tout ouvert, ou la substance pulmonaire, raréfiée, lâche, très molle, spongieuse. En outre, si le sang pouvait passer par le tissu de la cloison du cœur ou sortir des ventricules par imbibition, pourquoi y aurait-il une veine et une artère coronaires dont les rameaux se subdivisent dans la cloison même du cœur pour la nourrir ? Il est un fait très digne de remarque, c’est que chez le fœtus, où tout est plus mince et moins compact, la nature a été forcée de faire passer le sang de la veine cave dans le ventricule gauche par le trou ovale. Comment peut-on trouver vraisemblable que, chez l’adulte, cette cloison du cœur, épaissie par l’âge, donne au sang un passage aussi facile et aussi dépourvu d’obstacles ?

Andreas Laurentius (liv. IX, § 11, Questiones 12), s’appuyant sur l’autorité de Galien (De loc. affectis,