Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/104

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verbe cliquetant et tranchant à travers l’odeur des foins ; les moteurs qui feront grincer les scies mordantes et grogner les batteuses ; bref combien d’autres êtres ayant une âme de fer et dont l’humanité ne saurait se passer.

« Tu vois là, disait Marcel, la matière brute transformée par le génie de nos ingénieurs et de nos polytechniciens, ouvrée par des ouvriers habiles et entraînés, rendue apte à la résistance contre les influences étrangères qui nous humilient. Ces instruments que nous avons forgés et usinés pour l’exploitation de nos énergies hydrauliques et de nos riches forêts, ces accessoires de voirie et d’entreprises publiques, ces leviers, grues, turbines, haches, massues, crochets, enclumes, ces installations de scieries et de pulperies, nous les importions tous, ces produits que Valmont répand aujourd’hui d’un océan à l’autre. »

Félix songeait en lui-même : Dès l’enfance, on ne nous enseigne guère, en histoire, que l’admiration des démolisseurs d’empire et des destructeurs des industries humaines. Les conquêtes économiques, faites pour la race et par la race sont peut-être celles auxquelles il faut attacher le plus de prix.

Comme ils quittaient les usines, Claire, qui les attendait depuis une heure, se joignit à