Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/112

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maine Mondore ! Il l’aime encore ! » Elle va sangloter. Pour cacher son émotion, elle s’efforce de sourire ; mais des jets amers montent dans ses yeux. Elle devient nerveuse, elle va éclater. Alors, elle est prise d’un rire bruyant, saccadé, ce rire qui n’est qu’un sanglot déguisé qui martèle la poitrine. Néanmoins, elle se domine et invente un mensonge pour ne pas trahir la cause de sa nervosité.

— Vous allez me trouver bizarre, dit-elle. Pardonnez-moi !… Un souvenir ridicule… Aujourd’hui, après que la femme Rioux eût mis une fillette au monde, elle se fit montrer l’enfant frais lavée et enveloppée de dentelles. Elle m’a regardée avec inquiétude : « Elle vous ressemble ? »

— Vous trouvez !… Vous savez bien qu’elle sera mieux que moi.

Dites donc qu’elle vous ressemble ! Depuis des mois, je vous regarde, j’étudie votre teint, votre démarche, votre taille, votre chevelure… Mais vous voyez bien qu’elle vous ressemble.

— En effet, je crois qu’elle me ressemble, lui répondis-je. Et la petite vagissait dans mes bras, bouffie, exécutant mille grimaces… Un petit monstre en boule de chair rose.

Bientôt, Marcel emmena son ami dans le chemin éclairé qui conduit à la rivière. Ils