Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/118

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tillages de voirie et de machines agricoles ; enfin, Benson, le gérant de la banque qui m’avait fait l’insigne honneur d’un crédit. Ils faisaient cercle autour d’une table de noyer couverte d’un lourd tapis rouge. Enfoncés dans des fauteuils capitonnés, ils fumaient comme des cheminées, faisant tire-bouchonner des bouffées superbes autour d’un beau lustre de cristal dont les cloches ciselées se diamantaient sous la lumière. Des panneaux peints ornaient les murs. Sur un pan, l’artiste avait fait un grand lion couché parmi les bambous et regardant le monde avec une fierté dédaigneuse ; de l’autre côté, en face, une vue panoramique : Londres s’étend à perte de vue, et, naissant des brouillards, sinistre, une aile immense, tendue vers les océans, couvre les innombrables flottes des colonies et des îles britanniques. Aile d’aigle ? Aile de vautour ? Rien ne le dit.

— Permets-moi de d’interrompre, dit Félix. Si j’ai bien entendu, Malvalet, l’un des nôtres, trempait dans la conspiration.

— Oui, Malvalet ! Je n’osais pas en parler… Collé à cette haute gomme financière, il était devenu directeur de la banque dont il était l’âme damnée. Exécuteur de toutes les sales besognes, il était ce type du Méphisto envieux