Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/137

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y avait des individus, chez eux, il n’y avait pas de collectivité. Quand le bouledogue pratique la théorie du « chacun pour tous et tous pour chacun », le chien-loup dévore le « tout pour soi. »

« Qui sait, se demandait le fondateur de Valmont, si la race des Choiseul n’a pas un peu traversé en Amérique ? » Et il relisait cette page frémissante du malheureux Dupleix : « J’ai donné à la France un pays grand comme l’Europe, et tu veux qu’on me récompense ! La France est comme le Grand Turc : elle a toujours son sérail de coquines avec des eunuques autour ; elle étrangle ceux qui combattent loyalement pour elle : cela l’amuse… Et le jour viendra où quelqu’un de ses domestiques, moins bête que les autres, au lieu de se laisser étrangler par elle, l’étranglera. Et devant celui-là, si elle ne meurt pas, la France s’aplatira… Les marchands anglais voient loin et grand, tandis que les marchands français voient petit et court. Les uns ont la patience de la force, les autres sont comme les enfants qui, ayant mis un noyau en terre, reviennent le lendemain au jardin pour voir si le cerisier a levé, poussé et fleuri pendant la nuit, a déjà des cerises mûres… C’est une chance que l’Angleterre soit menée par ses marchands,