Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/184

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pardonnerez de vous fausser compagnie pour une heure ? »

Elle ment : mais il faut qu’elle sorte : elle a trop peur d’éclater en sanglots. Dehors, dans le vent et la neige, la silhouette de Claire se promène au hasard, sans but, sans pensée. Elle s’avance jusqu’au milieu du parc, dont les grands jets d’eau, taris par l’hiver et couverts de glace, portent la tristesse cristallisée des choses mortes. Il y a quelques mois, une pluie de diamants giclait dans le bruissement des feuilles et les cris gouailleurs des merles rouges. Aujourd’hui, silence et immobilité. Le « miserere » du vent lourd murmure sur le clavier des branches nues, où pendent, lamentables, de petits nids pleins de neige. Claire reste là longtemps, face au vent. Par moment, elle est secouée d’un grand frisson. Au bout d’une heure, quand une femme a franchi le seuil de la maison de Faure, la silhouette retourne vers l’abri de son malheur immense.


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Félix Brunelle et Jean Boulanger étaient venus à Valmont pour conférer avec leur ami sur l’attitude à prendre dans la lutte que menait Didier et dont les coups seraient portés dans