Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/42

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ment de ses manières et la correction de son langage, au milieu où elle avait grandi, elle était désormais une sorte de déclassée.

Quelques mois après cette conversation, le regard de la jeune bonne devint triste inconsolablement. Des bistres se creusèrent autour de ses yeux, avec, ici et là, des taches à peine visibles. Questionnée par madame Faure, qui s’alarmait de ces symptômes, elle lui avoua, dans une crise de larmes, qu’elle était enceinte. Elle avait été séduite par Clément. Il l’avait d’abord abordée poliment, au cours des permissions qu’elle obtenait sous le prétexte d’aller voir ses parents. Sa vanité en avait été flattée. Cet homme arrivé à la trentaine, héros d’une foule d’aventures galantes, plus ou moins propres, trouvait une proie facile. Il allait lui murmurer un langage qu’elle n’avait jamais entendu, toucher des fibres qui n’avaient jamais vibré ; il n’avait, pour l’affoler, qu’à lui réciter doucement, tout doucement, à l’oreille, les clichés amoureux qu’il savait par cœur depuis longtemps. Son âme, encore simple, se laisserait prendre par l’Amour, qui, depuis que le monde est monde, se sert toujours du même carquois, lance toujours les mêmes flèches. Odile Dumouchel — c’était le nom de la jolie servante — ne tarda pas à aimer Clément. Un