Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/43

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soir, elle était entraînée malgré elle au garni du célibataire, et, là, affaiblie pour une résistance où elle se sentait vaincue d’avance, grisée de caresses farouches, elle avait fini par se livrer.

Le réveil vint trop tard. Quand elle eut la certitude qu’elle était grosse, elle désespéra violemment. Elle pleura deux jours, puis, une embellie se fit dans son cœur neuf : « Clément m’aime, se dit-elle. Quand il saura, il m’épousera. » Elle lui écrivit le billet suivant :

« Mon chéri,
J’irai te voir chez toi, ce soir, à huit heures. Le malheur que nous redoutions tous deux est arrivé. Fais appel à ton courage et à ta loyauté, pour l’amour de ton
Odile. »

Malgré un attachement sincère pour sa jeune amie, Clément trembla devant une mésalliance et repoussa toute idée de mariage. Dépourvu de psychologie, il n’avait vu, en Odile, qu’une inconsciente, une bonne petite bête douée de la faculté de recevoir et de rendre un plaisir. Esprit myope et borné, il n’avait pas su apprécier l’exceptionnelle distinction de cette nature d’élite. Le soir venu, la pauvre enfant se buta à une porte verrouillée. Elle s’en alla brisée. Dès cette heure, une mort lente, terrible et voulue germa dans son corps flétri.

Madame Faure avait écouté sans rien dire,