Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mieux que cela : vous m’avez intéressée. Vous avez si joliment badiné sur la vie… Je vous vois pour la première fois, ce soir, et je suis certaine, car je le sens, que nous sommes deux sympathies qui se cherchaient depuis longtemps.

Ils causèrent comme de vieux amis, lui épris de cette voix aux intonations subtiles, elle, dominée par son intelligence et son regard viriles. Ils rappelaient des souvenirs d’enfance. L’actrice était née à Québec, dans la Basse-Ville, où elle avait joué dans la boue des rues étroites. Le souvenir lui venait d’un magasin Faure, où son père l’avait emmenée, une veille de Noël. Elle y avait noué connaissance avec un Santa Claus colossal et aveuglant de brimborions. Elle n’avait jamais oublié cet événement de sa prime enfance. Plus tard, elle avait été recueillie par un vieil oncle très riche qui la trouvait belle et aimait sa voix. Il l’avait conduite à Paris où l’attendaient les joies capiteuses de la gloire.

Marcel n’aurait jamais cru à tant de simplicité quasi enfantine, en cette émule des plus grands artistes du siècle, qui, après avoir dompté la critique parisienne, avait promené son triomphe à travers le monde. Sous son ample manteau d’hermine qui lui descendait