Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/57

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La rougeur de ses beaux yeux disait assez qu’elle pleurait depuis longtemps. « Es-tu malade ? » demanda Marcel alarmé.

— Va-t’en ! Va-t’en ! Je ne veux plus te voir !

— Ma petite Claire ! Je t’en prie ! Qu’as-tu à me repousser de la sorte ! Tu sais bien que je t’aime et que ça me chagrine de te voir en larmes.

Elle continua à sangloter, muette. Il lui baisa les cheveux et lui murmura à l’oreille : « Dis-moi pourquoi tu pleures.

— C’est toi ! C’est toi !…

— Moi ? Tu plaisantes !

— Oui, toi ! Ce n’est pas propre, ce que tu viens de faire, au Château.

— Mais qui t’a dit ?…

— Personne ! J’y étais. J’ai tout vu, tout entendu. J’en meurs de honte pour toi ! Tout le monde vous a pris pour des goujats. » Elle le repoussa durement.

— Tu m’exaspères, à la fin. Je ne comprends pas qu’une jeune fille qui a des mœurs passe une partie de la nuit à battre les pavés et finisse sa soirée au café !

— C’est faux ! Je n’ai pas battu les pavés. Pendant que tu bambochais avec tes amis, j’étais à l’opéra, avec Céline, notre bonne. À la