Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/56

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L’image de Germaine l’obsédait. Il pensa qu’il lui avait plu et se sentit heureux. Il s’efforça d’abord de reconstituer ses traits, de respirer son parfum ; mais il fut étonné de ne plus voir en lui-même qu’un être confus, lointain. Son cerveau fatigué ne lui présentait que des lignes grossières n’ayant rien de commun avec celle dont il venait d’effleurer la main de ses lèvres… Une grande clarté se fit en lui. Il lui sembla qu’il était transporté dans un jardin en fleurs, des fleurs très larges et qui embaumaient. Elles étaient d’abord blanches, veloutées, douces comme la peau des enfants. Elles devinrent ensuite rouges comme du sang. Il s’en exhalait un encens écarlate. Les couleurs s’atténuèrent, petit à petit, jusqu’au rose tendre, et, alors, une forme de femme, faite de gaze et d’immatérialité, naquit du calice d’un grand lys. Germaine lui souriait dans la clarté. Elle s’élança vers lui, il voulut l’étreindre ; ses mains battirent le vide. Le fantôme avait disparu ; mais il crut entendre des sanglots. Plus une fleur ! Rien que des ténèbres ! Il se dressa sur son lit, en entendant encore des sanglots, dans la chambre voisine. « Stupidité du rêve ! pensa-t-il. Claire pleure ! Elle doit être mal… Allons ! »

En le voyant chez elle, Claire fut effarée.