Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/77

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êtes nés et à laquelle vous attachent deux siècles et plus d’hérédité, celle-là doit avoir votre amour de prédilection, un amour qui va jusqu’au sacrifice de la vie. »

« Cependant, nous tenons à conserver la piété filiale pour la France. La fierté de nos origines nous est nécessaire. Il est bon pour nous que la France soit debout ! Elle est encore l’irrésistible fiancée de l’esprit. Un merveilleux souffle d’honneur anime toute son histoire. Elle a sauvé l’Europe, elle a sauvé la Pologne, elle a révélé une fois de plus que le monde a besoin d’elle. Nous, nous sommes le miracle français qui traverse les siècles. Si nous vivons, nous, au milieu de tous les morts de l’Amérique, c’est que nous sommes faits d’une essence supérieure et mieux trempée, dont on fera l’arbre de couche de la civilisation américaine, comme la France est l’arbre de couche de la civilisation européenne. Comme c’est beau, comme c’est clair, comme c’est providentiel ! Deux Frances, parce qu’il y a deux continents à conserver à la beauté, à la culture et au bon sens, parce qu’une seule ne pouvait suffire à la tâche ! »

– Bravo ! s’écrièrent à la fois Félix, gagnés par l’enthousiasme prophétique de Faure.