Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/84

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étaient pourchassés et reconduits à la gare à coups de bottes.

« C’est étonnant comme je l’aime, cette femme ! Je l’aime plus qu’une sœur, et si elle n’était pas ma sœur, elle serait ma femme.

— Elle est d’une telle beauté ! dit Félix. J’ai connu, pendant ma vie d’étudiant, une personne que j’aimais beaucoup et qui mourut prématurément. Cela fut un des grands chagrins de ma vie. Elle était blonde. Chacun de ses traits portait l’empreinte de la vie, une vie débordante, impétueuse, torrentielle, et toute son âme passionnée trépidait dans les lueurs blanches et roses qui lui couraient sous la peau. Claire lui ressemble : le même regard qui sourit et qui nargue sans blesser, la même sensibilité, la même délicatesse, la même vibratilité de l’être. Les joues sont élargies par des pommettes à courbure douce, d’une carnation très tendre, et descendent vers un menton étroit et enfantin, qui ferme gaîment le dessin de la gorge. Ajoutez à cela un nez aquilin, des lèvres fines, des cils épais, une lourde chevelure, et vous avez la photographie la plus fidèle de mon ancienne amie.

— À t’entendre parler ainsi, dit Marcel, je pense à un mystère dont je cherche vainement l’explication. Ceci est une confidence que je