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Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/163

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vous croyez à l’immortalité de l’âme, capitaine ? Est-ce qu’un cheval peut entrer au ciel ?

Il éclata de rire, puis, sa tristesse le reprenant, il fixa sur Chvéïk un regard apathique :

— Permettez, monsieur, il me semble que je vous ai déjà vu quelque part. N’avez-vous jamais été de passage à Vienne ? Je me rappelle vous avoir souvent rencontré au séminaire.

Passant ensuite aux vers latins, il murmura :

Aurea prima satast ætas, quæ vindice nullo.

Et il ajouta :

— Je n’en sais pas plus long, fichez-moi à la porte ! Vous ne voulez pas ? Vous avez peur que je me démolisse ? Mais non, mais non, allez… S’il faut que je tombe, je veux tomber sur le nez, proféra-t-il d’une voix énergique.

Il reprit ensuite :

— Monsieur, mon cher ami, donnez-moi une gifle, je vous en supplie.

— C’est une seule qu’il vous faut ou plusieurs ? demanda Chvéïk.

— Deux.

— Les voilà…

Le feldkurat compta les gifles à haute voix, manifestant un vif contentement.

— Ça me fait vraiment du bien, dit-il, surtout à l’estomac ; ça fait digérer, je suis tout à fait à mon aise. Maintenant, déchirez-moi mon gilet.

Variant dans ses goûts, il demanda à Chvéïk de lui scier la jambe, de l’étrangler pour un petit moment, de lui faire les ongles et de lui arracher les dents de devant.

Il se voulait martyr et demanda à Chvéïk de lui couper la tête pour la jeter dans la Veltava.

— Les étoiles autour de ma tête m’iraient vraiment