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Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/174

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si le ciel et la terre se liguaient contre moi, ils n’y feraient rien, je ne veux plus connaître ma famille.

La chambre à coucher retentit bientôt d’un ronflement d’enfer.


3.

C’est dans ces premiers jours que Chvéïk passa chez le feldkurat que se place la visite qu’il fit à son ancienne logeuse, Mme Muller. Chvéïk ne trouva qu’une cousine de cette dernière, qui lui annonça, en pleurant, que Mme Muller, elle aussi, avait été arrêtée chez elle le jour même où elle avait conduit son locataire devant la commission de recrutement, dans l’île des Tireurs. Jugée par un tribunal militaire, la pauvre femme avait été envoyée au camp de concentration des prisonniers militaires à Steinhof. Elle avait déjà écrit de là-bas à sa cousine, à laquelle elle avait confié sa maison.

Chvéïk prit entre ses mains cette touchante relique et lut :

« Ma chère Anne, tout va très bien ici, surtout rapport à la santé. La voisine du lit d’à côté est toute rouge de… et nous avons ici aussi la petite… À part ça, tout va au mieux. Le manger est très abondant et nous ramassons des… de pommes de terre pour en faire de la bonne soupe. J’ai appris que M. Chvéïk était déjà… je te prie de t’informer où ça lui est arrivé, parce que je voudrais bien fleurir sa tombe, quand on en aura fini avec cette guerre. J’ai oublié de te dire que j’ai mis au grenier