Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/19

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— À cause de Saraïévo !

— À cause de Ferdinand !

— À cause de l’assassinat de Monseigneur l’archiduc !

— Pour Ferdinand !

— Parce qu’on a dégringolé l’archiduc à Saraïévo !

L’homme qui se tenait à l’écart répondit qu’il n’avait rien de commun avec les autres inculpés, qu’il était au-dessus de tout soupçon, parce que lui ne se trouvait là que pour une tentative d’assassinat sur un vieux paysan de Holice.

Chvéïk prit le parti de se mettre à la table des « conspirateurs » qui, pour la dixième fois, se racontaient comment « ils s’étaient fait faire ».

Tous, à l’exception d’un seul, avaient connu cette mésaventure à la taverne, au restaurant de vins ou au café. Le « conspirateur » qui formait l’exception, un gros monsieur avec des lunettes sous lesquelles coulaient des larmes, avait été arrêté chez lui parce que, deux jours avant l’attentat, il avait régalé, à la taverne de M. Brejska, deux étudiants serbes, élèves de l’École polytechnique, et que le détective Brixi l’avait vu ivre en leur compagnie dans la Taverne de Montmartre, rue Retezova, où il avait payé toutes les consommations, comme il résultait du procès-verbal, signé par le malheureux.

En réponse à toutes les questions qu’on lui posait au commissariat, il hurlait :

— Je suis commerçant en papiers.

À quoi on lui répondait avec la même régularité :

— Ce n’est pas une excuse.

Un autre monsieur, petit professeur d’histoire, arrêté chez le bistro, était, le jour fatal, en train d’