Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/95

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qu’il avait écrit à Sa Majesté que la onzième compagnie s’était révoltée.

L’heure de la visite de l’après-midi approchait. Le médecin militaire Grunstein, suivi d’un sous-officier du service sanitaire qui prenait des notes, allait d’un lit à l’autre.

— Macuna ?

— Présent !

— Clystère et aspirine ! Pokorny ?

— Présent !

— Lavage de l’estomac et quinine ! Kovarik ?

— Présent !

— Clystère et aspirine ! Kotatko ?

— Présent !

— Lavage de l’estomac et quinine !

Machinalement, impitoyable et expéditive, la visite continuait.

— Chvéïk ?

— Présent !

Le docteur Grunstein regarda le nouveau venu.

— Qu’est-ce que vous avez ?

— Je vous déclare avec obéissance que j’ai des rhumatismes.

Au cours de sa carrière de praticien, le docteur Grunstein avait contracté l’habitude de parler avec une fine ironie qui faisait plus d’effet que des vociférations.

— Des rhumatismes, je comprends, dit-il à Chvéïk, c’est une maladie très grave. Et c’est vraiment un hasard, d’attraper des rhumatismes juste à une époque où il y a une guerre pareille et où on doit faire son service militaire. Je suis sûr que cela doit bien vous contrarier.

— Je vous déclare avec obéissance, monsieur l’oberartzt, que cela me contrarie énormément.