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Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/96

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— Je m’en doutais, allez. Ce qui est bien gentil de votre part, c’est que vous avez pensé à nous, avec vos rhumatismes. En temps de paix, un pauvre infirme comme ça gambade comme un chevreau, mais à peine la guerre déclarée, il s’aperçoit qu’il a des rhumatismes et que ses genoux ne sont plus bons à rien. N’avez-vous pas de douleurs aux genoux ?

— Je vous déclare avec obéissance que si.

— Et la nuit, vous ne fermez pas l’œil, n’est-ce pas ? Le rhumatisme est très dangereux, c’est une maladie très, très grave, et qui fait beaucoup souffrir. Heureusement nous autres ici, nous savons ce qu’il faut : avec la diète totale et aussi avec notre traitement vous guérirez plus vite qu’à Pistany et vous galoperez au front qu’on ne vous verra plus, tant vous ferez de poussière.

Puis, s’adressant au sous-officier, le médecin ajouta :

— Écrivez : Chvéïk, diète complète, lavage d’estomac deux fois par jour, clystère une fois par jour, et après nous verrons. En attendant, conduisez-le à la salle de consultation, faites-lui laver l’estomac et administrez-lui un clystère aux petits oignons. Il pourra appeler tous les saints du paradis pour l’aider à chasser ses rhumatismes.

Sur ce, il prononça encore un discours plein de sagesse à l’intention de tous les « simulateurs » de la chambrée :

— Il ne faut pas croire que vous avez devant vous un veau à qui on peut monter tous les bateaux imaginables. Avec moi, ça ne prend pas, tenez-vous-le pour dit. Je sais très bien que vous êtes tous des simulateurs et que vous ne pensez qu’