Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/110

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les Anglais !… 1o La pompe et la beauté du spectacle attireront plus de peuple autour du lieu du supplice, l’impression sera plus générale, et la loi plus respectée. — 2o Cette manière permettra au criminel de se présenter à la mort avec audace, d’affronter en quelque sorte la faux du temps qu’il verra suspendue sur sa tête. Les gazettes du lendemain détailleront toutes les circonstances avec gloire, et chaque héros moribond pourra au moins dire en périssant : Non omnis moriar. — 3o L’anatomie en retirera des avantages inappréciables… — 4o Enfin, on pourra désormais parler impunément de corde devant tout le monde…

» Une grande difficulté s’est élevée sur le nom à donner à cet instrument. Prendra-t-on, pour en enrichir la langue, le nom de son inventeur ? Ceux qui sont de cet avis n’ont pas eu de peine à trouver la dénomination douce et coulante de Guillotine. — Sera-ce celui du président qui prononcera le vœu de l’assemblée à ce sujet ? On aurait alors à choisir entre M. Coupé et M. Tuault. On a observé que la mansuétude pastorale ne permettrait pas à M. de Sabran d’accepter cette place ; sans cela il était assuré des voix de toute la noblesse… On dit que M. Mirabeau se présente pour avoir les honneurs de cette machine supplicielle. Le nom de Mirabelle remplacerait, à la grande satisfaction des bons Français, celui de Guillotine

» Un membre de l’Académie française a déjà fait à cette occasion la chanson suivante, sur l’air grave du menuet d’Exaudet :

Guillotin,
Médecin,
Politique,
Imagine un beau matin
Que pendre est inhumain
Et peu patriotique.
Aussitôt
Il lui faut
Un supplice