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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/142

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il a aussi des avantages… Il n’y a pas d’autres moyens de donner de la valeur à la propriété du Journal des Débats que de le mettre entre les mains d’hommes d’esprit attachés au gouvernement. Toutes les fois qu’il parviendra une nouvelle défavorable au gouvernement, elle ne doit point être publiée, jusqu’à ce qu’on soit tellement sûr de la vérité qu’on ne doive plus la dire, parce qu’elle est connue de tout le monde. Il n’y a pas d’autres moyens d’empêcher qu’un journal ne soit point arrêté. Le titre du Journal des Débats est aussi un inconvénient ; il rappelle des souvenirs de la révolution : il faudrait lui donner celui de Journal de l’Empire ou tout autre analogue. Il faut que les propriétaires de ce journal présentent quatre rédacteurs sûrs et des propositions pour acheter la rédaction de quelques autres journaux. »

Il y eut pour cette fois une espèce de transaction. Comme nous l’avons dit, le droit des propriétaires fut respecté, et la ligue littéraire et religieuse resta sauve. Seulement M. Fiévée fut préposé à la direction et devint la caution politique du journal, qui dut changer son titre pour celui de Journal de l’Empire.

« Ce nouveau titre qu’on lui avait imposé pour le lier plus étroitement à la fortune de l’empereur tourna à l’avantage de la feuille périodique et augmenta sa publicité ; il semblait que le chef de l’empire eût adopté le journal qui, de son aveu, avait pris ce nom. On s’habituait à le regarder comme l’expression autorisée, sinon de la pensée, au moins des doctrines du gouvernement, et chaque fois que Napoléon, par une campagne heureuse, accroissait l’empire français d’une province ou d’un royaume, il conquérait des abonnés et des lecteurs au Journal