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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/171

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tience, peuvent bien quelquefois faire fausse route, mais dont la fécondité tourne toujours, en fin de compte, au profit de la société. De notre temps, on l’eût dédaigneusement qualifié d’industriel ; ses ennemis le traitèrent de charlatan ; mais alors, comme aujourd’hui, l’envie devait être impuissante. »

Ainsi nous nous exprimions en parlant de Renaudot, le créateur de la presse en France ; ainsi pourrions-nous encore nous exprimer en parlant de M. Émile de Girardin, qui a donné comme une nouvelle vie à l’œuvre de Renaudot, qui lui a ouvert de nouveaux et si vastes horizons.

M. de Girardin a été très diversement jugé : on en a dit beaucoup de bien, on en a dit plus de mal encore, absolument comme de la presse, avec laquelle il s’est si intimement identifié. Quoique les passions qui se sont agitées autour de son nom soient un peu calmées, nous ne croyons pas que le moment soit encore venu de prononcer sur cet homme « qui ose tout ce qu’il pense, dont les audaces étonnent d’abord, puis subjuguent l’opinion, à la hardiesse duquel on s’intéresse, même en le réprouvant » : il n’a pas dit son dernier mot.

Ici, d’ailleurs, nous n’avons à apprécier M. de Girardin qu’au point de vue de l’histoire de la presse, et notre tâche sera d’autant plus facile que, pour lui rendre justice, nous n’aurons qu’à laisser parler les faits : ils sont assez éloquents ; ils sont si récents même qu’il semblerait inutile de les rappeler, si l’on ne savait combien l’on oublie vite dans ce tourbillon qui nous entraîne. Ainsi dix-huit ans à peine nous séparent de l’avénement de la presse à 40 fr., et un chroniqueur ordinairement bien informé[1], dans

  1. De Villemessant, Chronique de Paris.