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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/172

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une série d’études sur le journalisme parisien où il cherche, — c’est lui-même qui le dit, — la vérité, rien que la vérité, a pu imprimer ceci : « Le créateur de la presse à bon marché, ce fut, non pas M. de Girardin, comme on le croit assez généralement, mais bien M. Dutacq ; M. de Girardin n’a été que le Vespuce d’une Amérique industrielle dont le fondateur du Siècle fut le Christophe Colomb. » Or, voici la vérité : le hasard voulut que M. de Girardin fît imprimer le prospectus de la Presse dans la maison où s’imprimait le Droit, dont M. Dutacq était gérant. Celui-ci, ayant eu ainsi connaissance de ce prospectus avant son émission, alla trouver M. de Girardin, et lui proposa le concours de puissants capitaux, s’il voulait l’associer à son entreprise. M. de Girardin, qui ne cherchait que la prompte et large réalisation de son projet, accepta immédiatement. Après quelques jours, on était d’accord sur tous les points, quand M. Dutacq émit la prétention d’imposer M. Guillemot comme rédacteur en chef. — « Mais alors quel sera donc mon rôle ? » objecta M. de Girardin, qui n’admettait pas plus alors qu’aujourd’hui le partage de l’autorité. Sur cela tout fut rompu. M. Dutacq alors résolut d’élever autel contre autel ; huit jours après l’apparition du prospectus de la Presse, il lançait le prospectus du Siècle, et il faisait si bien que le premier numéro de son journal paraissait le même jour que le premier numéro de la Presse, mais sans cautionnement, ce qui lui valut quelques semaines après une condamnation.

Voilà comment les choses se sont passées ; et, ceci dit, nous n’hésitons pas à rendre à l’homme qui a fondé le Siècle et l’a élevé à une si haute prospérité la justice qui lui est due. M. Dutacq est entré un