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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/177

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pas trois mille. La moyenne d’abonnés de ces recueils était quatre cents. Dès la seconde année, le Journal des connaissances utiles tirait à 130 000 exemplaires.

Ce succès inouï, démonstration évidente de toute la puissance du bas prix appliqué au grand nombre, attira l’attention de la Société de Londres pour la diffusion des connaissances utiles, présidée par le lord chancelier Brougham. Modifiant l’esprit et le cadre du Journal des connaissances utiles pour se les approprier, elle publia le Penny magazine (Magasin à 2 sous). Alors arriva ce qui arrive encore tous les jours. L’esprit français, qui, à toutes les époques, n’a jamais manqué d’abandonner ses découvertes pour les réimporter ensuite lorsqu’elles ont dépouillé leur origine nationale, leur forme primitive, l’esprit français ne manqua pas de reproduire ce que l’esprit britannique n’avait fait qu’imiter de lui : on vit tout à coup surgir une foule de publications par livraisons à 2 sous.

Ce fut un coup de fortune pour l’imprimerie parisienne, alors fort languissante, et pour toutes les industries qui s’y rattachent ; quelques chiffres en feront juger. Dans une seule année, en 1832, les publications de la Société nationale absorbèrent au delà de 18 000 rames de papier. L’impression du Journal des connaissances utiles, composé de 25 feuilles par an, et tiré comme il le fut pendant deux années à 130 000 exemplaires, équivalait à elle seule à la publication de 240 à 260 volumes in-8o ; le Magasin pittoresque et le Musée des familles se tiraient à 50 000 exemplaires, la France pittoresque à 40 000, le Voyage autour du monde à 30 000, etc., etc., Bref, en deux ans le cours des papiers s’éleva de 50 pour cent.