Aller au contenu

Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces sortes d’attaques l’injure était moins fréquente et l’esprit moins rare.

» Cette littérature à rançon et à personnalités, à jeux de mots et à menaces sous-entendues, est de sa nature très énigmatique ; il faut, pour la comprendre, vivre enfermé dans le cercle étroit qu’elle parcourt, passant et repassant sans cesse, comme le cheval qui fait mouvoir un manége.

» C’est cette littérature parisienne, étiolée et asthmatique, n’ayant plus qu’un souffle à rendre, qui, par une étrange aberration, insulte à la fois à la littérature de l’empire, qui fut son berceau, et à la littérature du peuple, qui sera sa tombe ; ne respirant que l’atmosphère épaisse et enfumée des estaminets dramatiques, ne vivant que la nuit, ne puisant son esprit que dans la débauche ; c’est cette littérature de mauvais lieu qui ose accuser de charlatanisme la presse qui vit au grand jour, s’adresse au grand nombre, dédaigne de mendier, la plume à la main et la calomnie à la bouche, des abonnements de faveur, des contributions d’amis, des souscriptions royales, des subventions ministérielles ; — la presse enfin qui s’élève seule et indépendante, payant d’avance en billets de banque, aux journaux, la publicité qu’ils lui vendent à la ligne.

» L’emploi de cette publicité est un des grands griefs contre le Journal des connaissances utiles : on ne lui pardonne pas d’avoir dépensé 60 000 fr. d’annonces pour acquérir cent vingt mille abonnements.

» En Angleterre, l’industrie, pour écouler ses produits, pour leur ouvrir des débouchés, n’emploie plus le mode onéreux des commis-voyageurs ; elle ne viole plus le domicile du consommateur ; elle va droit à lui par le moyen plus économique et plus rapide des annonces payées ; dès qu’un homme sait lire, elle en fait ainsi son tributaire.

» L’extension de ce moteur puissant de publicité, essor nécessaire de la concurrence, n’est plus qu’une question de temps qui se lie au développement de notre prospérité nationale ; si sur ce point l’Angleterre paraît aller