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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/211

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très importante. Mais pouvait-on donner une pareille extension au mot Supplément ? Pouvait-on espérer que les tribunaux l’interpréteraient dans un sens aussi large ? Cela était peu probable. Cependant, comme l’affirmative avait pour elle de sérieuses autorités, comme au fond le germe de l’idée était fécond, M. de Girardin la reprit en partie en 1843, et publia sous le titre de Supplément à la Presse un Bulletin des tribunaux. En quelques mois ce bulletin avait augmenté de plus de 6 000 le nombre des abonnés de la Presse, et ce succès avait déterminé la Gazette des Tribunaux, justement effrayée, à prendre le grand format. Mais la question fut déférée aux tribunaux par l’administration, et elle fut résolue contre la Presse.

L’Époque et le Soleil eurent la prétention de faire entrer dans le cadre même du journal les suppléments de la Presse, de donner dans un même contexte dix ou douze journaux dont elle aurait fait, elle, dix feuilles distinctes. On comprend, sans que nous ayons besoin d’insister, la différence entre les deux combinaisons, le peu de sérieux de celles de MM. Bobain et Dutacq. Il ne suffit pas pour être autorisé à dire qu’on publie dix journaux dans une seule feuille d’y faire dix petites cases au moyen de dix gros titres, d’imprimer un damier sur une feuille gigantesque que personne ne pourra déployer. Le journal-encyclopédie n’est qu’une utopie, ou plutôt, disons le mot, un leurre.

Notre première raison de penser ainsi — et celle-là pourrait nous dispenser d’en donner d’autres — c’est qu’un journal universel serait impossible à bon marché, et le bon marché aujourd’hui est, pour un journal, la première condition, la condition sine quâ non. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup