Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/28

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devenu le principal, le public aura conquis sa place dans la Gazette, car on ne tardera pas à comprendre la puissance de ce nouveau moyen de publicité.

Quoi qu’il en soit, la Gazette de Renaudot, pleine d’excellents matériaux pour l’histoire du règne de Louis XIII et de la minorité de Louis XIV, restera un de nos monuments historiques les plus précieux. « Renaudot, a dit un écrivain du siècle dernier, avait l’art de se renfermer dans les justes bornes de son sujet ; point d’écarts fatigants, jamais de réflexions triviales ou déplacées par leur inutilité ou leur malignité. Il narre avec ordre, avec intelligence, et son style, vif et agréable, conserve encore toutes ses grâces. »

Cependant le soleil de Louis XIV était monté sur l’horizon, et tournait toutes les têtes. Pour enregistrer les exploits du grand roi et les magnificences de Versailles, la Gazette porte son format de huit à douze pages. En 1762, elle change son mode de périodicité, et paraît deux fois par semaine, le mardi et le vendredi, en quatre pages à deux colonnes. Son prix est de 15 livres par an, franche de port.

Ce nouveau format semble mieux se prêter aux petites nouvelles ; aussi quelques faits divers commencent-ils à se glisser à la fin du journal, et même, en y regardant de bien près, on peut découvrir entre une mort et un mariage l’annonce d’une carte géographique ou de quelque livre nouveau. Peu à peu les annonces prennent de l’extension ; l’on en fait un paquet (c’est bien le mot) que l’on place au bas du journal, sous filet. Elles se suivent toutes sans aucun signe de distinction, et sans autre séparation qu’un petit trait entre les trois seules rubriques qui soient encore admises : LIVRES, GRAVURES, MUSIQUE. Ce n’est que dans les premières années de la