Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/27

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de la page : GAZETTE, et finit par ceux-ci : Du Bureau d’adresses, au Grand-Coq, rue de la Calandre, sortant au marché Neuf, près le Palais, à Paris. Pendant cent ans vous chercheriez vainement dans ces feuilles un mot sur le journal et ses alentours.

Du reste, c’est à peine si l’on trouve dans ces premiers essais de la presse périodique quelqu’un des éléments si nombreux dont se compose aujourd’hui le journal. La polémique, c’est-à-dire la vie, manquait à cette feuille ; c’était une sorte de Moniteur officiel, ou encore, si l’on veut, d’Annales historiques. Là point de discussion, parce que la politique alors ne se discutait pas ; point de controverse, parce qu’il n’y avait point de contradicteurs, au moins dans l’origine ; car plus tard, quand l’invention de Renaudot eút été importée dans les états voisins, il lui fallut défendre contre les gazetiers étrangers la politique de ses patrons, et il n’y pouvait suffire[1].

C’était, en un mot, comme Renaudot le dit lui-même, « le journal des rois et des puissances de la terre. » Et il eût été difficile qu’il en fût autrement, alors que le roi pouvait dire : « L’État c’est moi ! » Mais patience, l’arme est forgée, le temps fera le reste. Long-temps même avant que l’accessoire soit

  1. Les ennemis de la France, lit-on dans le manuscrit original des Oisivetés de Vauban, ont publié, et publient tous les jours une infinité de libelles diffamatoires contre elle et contre la sacrée personne du roy et de ses ministres… La France foisonne en bonnes plumes… Il n’y a qu’à en choisir une certaine quantité des plus vives, et à les employer. Le roy le peut aisément sans qu’il luy en coûte rien, et, pour récompenser ceux qui réussiront, leur donner des bénéfices de 2, 3, 4, 5 à 6 000 livres de rente, ériger ces écrivains les uns en anti-lardonniers, les autres en anti-gazetiers… »