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ou, pour parler en vile prose, sans la cassette d’une jeune et belle princesse, mademoiselle de Longueville, qui escomptait généreusement les rimes de son pensionnaire. « Ce n’était, en effet, que pour plaire à cette grande princesse et à un petit nombre de personnes de sa confidenee qui méritaient qu’on eût soin de leur agréer » ; c’était

Pour complaire à ses volontés,
Et mieux mériter ses bontés,


que Loret s’était fait un bureau d’adresses vivant, « tellement qu’il ne se faisait qu’une copie de son ouvrage, qui était lue devant ceux qui la voulaient écouter, ou qui passait en diverses mains. »

Les feuilles de Loret furent désignées dans l’origine sous le nom de Gazette burlesque, « à cause qu’elles rapportaient ce qui se passait, et qu’elles le faisaient en style plaisant et agréable. »

Chacune est décorée, en guise de titre, d’une èpithète plus ou moins bizarre, comme longuette, ambulatoire, assaisonnée, goguenarde, piteuse, etc. Elles sont toutes adressées à sa bienfaitrice, et une chose digne d’admiration, selon son éditeur, c’est « son artifice à faire toujours de nouveaux préfaces à sa princesse pendant une quinzaine d’années qu’il lui adressa son ouvrage sans discontinuation. »

Cependant la gazette de Loret était trop du goût de cette époque remuante et frondeuse pour qu’elle restat long-temps le privilége du eerele un peu circonscrit de l’hôtel de Longueville. Il ne fut bientôt plus question dans toutes les ruelles que des caquets du poète gazetier, et les traits les plus saillants volaient de bouche en bouche par tous les coins de la ville. « La curiosité de quelques gens fut cause que l’on en fit bientôt plusieurs copies manuscrites ; mais