Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/36

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un avis au lecteur qui termine le premier numéro imprimé, une circonstance, fortuite aurait avancé l’exécution de ce projet.

Un mal, lequel à l’improviste
A surpris monsieur mon copiste,
M’a fait en cette occasion,
Recourir à l’impression.

D’ailleurs, rigoureusement parlant, il n’avait pas la libre disposition de son œuvre. Ce n’était pas, si l’on veut, par ordre qu’il écrivait ; mais quand il avait commencé cette entreprise, c’était uniquement pour mademoiselle de Longueville, qui l’en avait prié, et qui le payait pour cela. Prodiguer à tout venant un divertissement dont elle eût pu revendiquer le privilége exclusif, c’eût été en amoindrir le prix, et s’exposer à perdre dans l’esprit de sa bienfaitrice. Aussi a-t-il bien soin d’ajouter :

Mais sache, lecteur débonnaire,
Encore que des mains du rimeur
Cette gazette épistolaire
Passe en celles de l’imprimeur,
Qu’elle n’en est pas plus commune ;
Car, sans abus ni fraude aucune,
Il doit observer cette loi
De n’en tirer chaque semaine
Qu’une unique et seule douzaine,
Tant pour mes amis que pour moi ;
Après cela point de copie,
En dût-on avoir la pepie.

Mais la princesse de Longueville ne se montra point exclusive : elle ne pouvait, d’ailleurs, qu’être flattée des succès de son protégé, et il était naturel qu’elle s’intéressât à la propagation de ces feuilles qui, selon l’expression d’un bel esprit du temps, de Colletet, volant plus loin que les ailes de la Renom-