Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/37

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mée, allaient, chaque semaine, porter ses louanges jusqu’aux extrémités de l’Europe.

Le succès de la Gazette burlesque fut, en effet, rapide et grand, car assure-t-on

Qu’elle avait passé le Bosphore,
Et qu’on lui faisait de l’honneur
À la porte du Grand Seigneur.

Loret est lui-même étonné du bruit qu’il fait. À cette occasion, il se compare aux beaux esprits du temps, dont il cherche à caractériser le talent dans quelques vers que nous allons citer. On comprendra que la rime et d’autres considérations aient influencé ces appréciations, qui, pour la plupart, sont loin d’avoir été ratifiées par la postérité. Mais ce passage n’en est pas moins curieux sous beaucoup de rapports.

Pour dire vrai, ces miens ouvrages
Sont cent fois plus heureux que sages,
Et, certes, l’on voit dans Paris
Des régiments de beaux esprits
Dont les conceptions et rimes
Sont infiniment plus sublimes,
Et dont le mérite éclatant
Ne fait pas tant de bruit pourtant.
Je suis de la dernière classe,
Je n’en vois point qui ne me passe ;
Leurs vers me ravissent le cœur
Mieux que la plus douce liqueur ;
Quand je les lis, je les admire,
Et voici ce qu’on en peut dire :
Ceux de Chapelain sont brillants ;
Ceux de Benserade galants ;
Ceux de Saint-Amand admirables ;
Ceux de Corneille incomparables ;
Ceux de Du Ryer sont merveilleux ;
Ceux de Godeau miraculeux ;
Ceux du sieur Gombauld sont augustes ;