Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/40

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J’en parlerai tout simplement,
Pour obéir au Parlement ;
Mais aussi, mes tristes gazettes
Ne seront plus que des sornettes…

Quoi qu’il en soit, et malgré des imperfections que rendent excusables le siècle où vivait l’auteur et la nouveauté de l’entreprise, la Gazette burlesque, rimée généralement avec une grande facilité, quelquefois même avec verve et entrain, est précieuse à consulter pour une foule de faits particuliers, d’usage, d’anecdotes, etc. On était en pleine Fronde quand Loret commença à écrire, et la mobilité des hommes et des choses se reflète dans ses vers, qui, s’ils n’ont poînt conservé jusqu’à nos jours la grâce de la nouveauté, comme le leur promettait un contemporain, sont encore lus avec plaisir. Citons quelques traits :

Lysis ne sait quel parti prendre,
Tant il a peur de se méprendre.
Madame la Fronde et la Cour
Attirent son cœur tour à tour.
Aujourd’hui l’une le possède ;
Une heure après l’autre l’obsède ;
Il est entre deux suspendu,
Et, n’étant gagné ni perdu,
Il dit à l’une : — Allez au peautre !
Puis il en dit autant à l’autre.
À l’une il dit : — Je suis à vous ;
À l’autre il dit : — Unissons-nous.
On lui fait harangue : il écoute,
Il conteste, il balance, il doute,
Il voit le mal, il voit le bien ;
Mais enfin il ne résout rien.
Quelques partisans de Corinthe ;
Qui pour la Cour sont pleins d’absinthe,
Et tout plein de petit frondeurs,
Jusque même à es ravaudeurs,