Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/39

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Mais que les fous ou que les sages
Fassent la nique à mes ouvrages,
Je mépriserai leur mépris,
Pourvu que ces petits écrits
Soient biens reçus de Votre Altesse…

Loret avait des protecteurs assez puissants pour qu’il lui fût aisé de mépriser les critiques, et même les menaces que l’on y joignait quelquefois. Mais il arriva qu’un jour il se trouva en face d’un ennemi avec lequel il ne faisait pas bon plaisanter. Quelques membres du parlement, indignés qu’un gazetier eût osé parler d’eux

Dans ses pauvres petits ouvrages,


ameutérent contre lui la turbulente assemblée, et cette fois la critique faillit se formuler en un bel et bon arrêt.

Quelques uns, voyant de travers
Mes malheureux et pauvres vers,
Et les tournant à conséquence,
Ô princesse ! on m’a fait défense
D’écrire politiquement,
Ni de railler aucunement.
On nomme sanglante critique
Mon innocente rhétorique,
Et plusieurs traitent d’attentat
Le zèle que j’ai pour l’État.
Quoique j’aie l’âme assez bonne
Et point de fiel contre personne,
Quelques messieurs du Parlement
N’aiment pas mon raisonnement,
Si que, craignant, en ce rencontre,
Que l’on me donne un arrêt contre
(Car ces messieurs sont absolus),
Je ne raisonnerai donc plus
Sur l’état présent des affaires,
Pour n’irriter tels adversaires ;