Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/43

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On joua du plat de la langue
Car on lui fit mainte harangue,
Maint beau discours et compliment,
Qui l’élevaient au firmament.

Quoique pensionnaire de l’hôtel de Longueville, Loret, en homme prévoyant ou déjà intéressé, resta fidèle au parti de la cour, tout en ménageant le parti des princes, qu’il a toujours soin de séparer de celui de la Fronde. Cela ne l’empêche pas de se moquer des courtisans, qui, à tout propos,

Jurent mort ! ventre ! sang ! ou tête !
Car le courtisan se croit bête
Et ne savoir pas son métier
S’il ne jure comme un chartier.

Il ne craint point de blâmer la reine de céder à la nécessite de se faire des créatures par des promotions inconsidérées qui,

PlusnnoRendant l’hermine
Plus commune que l’étamine,


déconsidèrent les plus hautes dignités.

D’ailleurs, comme tous les hommes sensés, Loret déplorait sincèrement les maux que la discorde eivile avait attirés sur la France ; car, dit-il, en s’adressant aux Espagnols :

Si les Français ont du dessous,
Si vous avez barres sur nous,
Si nos pertes sont infinies,
Remerciez-en nos manies,
Et nos noires dissensions
Que fomentent vos pensions.

Plus d’une fois le tableau des maux

Dont le pauvre État est la proie


vient glacer sa verve, et lui arracher des imprécations contre