Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/50

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ques, dont s’entretiennent ceux même qui ne font pas profession d’en savoir. Comme il n’y a pas de nouvelle si publique qui n’ait quelque chose de particulier et qui n’est pas su de tout le monde, je vous informerai de ce qu’en croiront ceux qui doivent être les mieux informés.

» Si je puis venir à bout de mon dessein, et que vous conserviez mes lettres, elles pourront dans l’avenir servir de mémoires aux curieux, et l’on y trouvera beaucoup de choses qui ne pourraient se rencontrer ailleurs, à cause de la diversité des matières dont elles sont remplies. »

De Vizé avait le sentiment de son œuvre, et aujourd’hui encore la collection du Mercure est consultée avec plaisir et avec fruit. Son plan n’était pas irréprochable assurément, mais il était nouveau et réalisait un progrès. Il n’existait alors que des recueils scientifiques et littéraires, qui ne s’adressaient qu’à une classe privilégiée : de Vizé voulut faire un journal qui convînt à tout le monde ; il comprit que là était le succès, et ses calculs ne furent point trompés : car, malgré le jugement un peu brutal de la Bruyère et les plaisanteries de Boursault, malgré même les épigrammes de Boileau et les mille obstacles que lui suscita l’envie, il continua son œuvre avec un succès toujours croissant jusqu’à la fin de sa carrière.

Pendant les cinq ou six premières années, le Mercure galant ne parut que d’une manière très irrégulière, de Vizé étant empêché par des maladies ou par des affaires. Mais, à partir de 1678, il parut régulièrement tous les mois, en un volume in-12, de trois à quatre cents pages, qui se vendait trois livres. Il était rédige sous la forme d’une lettre, dans laquelle venaient s’enchâsser, d’une manière toujours nouvelle, toujours heureuse, les faits, les récits, les his-