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toriettes, les poésies, en un mot tout ce qui composait le bagage ordinaire du Mercure. C’était, en grand, le Courrier de Paris, et le Courrier de la semaine, de quelques feuilles hebdomadaires.

L’œuvre de de Vizé fut continuée par Rivière Dufresny, qui lui imprima un nouvel élan. Ce n’est pourtant pas que ce dernier manquât non plus de détracteurs. Rousseau, surtout, lui fit une guerre acharnée[1].

Des mains de Dufresny, le Mercure galant passa dans celles de Lefèvre de Fontenay, qui en changea le titre, et l’appela Mercure de France ; et il parvint, après bien des vicissitudes, jusqu’à son 667e numéro, qui parut en janvier 1815[2]. Le Mercure avait acquis pendant la révolution une certaine importance, qu’il dut surtout à sa rédaction politique. Par-

  1. Dufresny ayant donné, dans son premier numéro, les bouts rimés de trente, quarante, etc., Rousseau les remplit d’une manière fort plaisante ; la pièce, qu’il adressa à Dufresny, se terminait par ces deux vers :

    À la vieille Babet je le ferais pour rien,
    Pourvu que je te visse étrillé comme un chien.

    Cette vieille Babet était une bouquetière qu’on avait longtemps nommée la Belle Bouquetière, et à laquelle sa beauté avait attiré autrefois des chalands de plus d’une espèce.

    Dufresny, du reste, ne fit pas fortune au Mercure. Endetté de 30 pistoles envers sa blanchisseuse, il l’épousa pour s’acquitter. Pauvreté n’est pas vice, lui disait un jour un de ses amis. C’est bien pis, répondit le poète. Au reste, il faut couvenir que la sienne était la suite de sa mauvaise conduite ; il n’avait pas plutôt un ducat qu’il le dépensait. Voltaire a dit avec raison :

    Et Dufresny, plus sage et moins dissipateur,
    Ne fût pas mort de faim, digne mort d’un auteur.

  2. Une réunion d’hommes de lettres, sous la direction de M. Roquefort, tenta de ressusciter le Mercure en 1819, mais elle ne donna que dix-neuf numéros. De 1823 à la fin de 1832 parut un Mercure du XIXe siècle, fondé par des écrivains libéraux, et signé par M. Tissot.