Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/61

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vertu du principe de la souveraineté du peuple, principe dont la conséquence immédiate était que chaque individu, chaque fraction du souverain, avait le droit de s’immiscer dans le règlement des affaires publiques.

On comprend dès lors ce qui dut arriver. Pour se faire entendre au milieu de ces mille voix qui sollicitaient l’oreille du peuple, il fallait crier plus fort que ses voisins, il fallait recourir à des moyens extraordinaires. Ce fut comme une lutte assez semblable à celle des saltimbanques sur un champ de foire. Tel faisait crier son journal à deux liards, tel autre le faisait placarder dans tous les carrefours, offrant ainsi un aliment gratuit aux passions déchaînées. Celui-ci cherchait un élément de succès dans la bizarrerie d’un titre, celui-là dans l’excentricité ou même dans le cynisme de l’expression.

Et, sous ce rapport-là même, sous le rapport de la forme, le seul d’ailleurs dont nous nous soyons préoccupé dans ce travail, ce n’est pas une chose sans intérêt que l’étude de ces huit cents journaux ou écrits périodiques éclos pendant les dernières annèes du dix-huitième siècle.

Le titre qui devait se présenter tout d’abord à celui qui songeait à mettre ses idées en circulation, c’est celui de Journal ; aussi compta-t-on plus de cent feuilles baptisées de ce nom. Dans ce nombre, nous citerons, dans des genres divers :

Le Journal universel ; — le Journal général de France ; — le Journal de la Cour et de la Ville ; — le Journal de la Ville et de la Province ; — le Journal de la République ; — le Journal de la Révolution ; — le Journal de la Confédération ; — le Journal de la Fédération générale ; — le Journal