Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/82

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Sa feuille n’était point, à proprement parler, un journal[1] ; c’est plutôt un pamphlet, une sorte de philippique, écrite tout d’une haleine, sur le sujet à l’ordre du jour. Mais, dans la période qu’il embrasse, il ne s’est rien passé d’important que le vieux marchand de fourneaux n’ait dénoncé à l’approbation ou l’improbation de ses bons amis les sans-culottes. Sous ce rapport, le Père Duchesne ne laisse pas que d’offrir un certain intérêt à l’historien qui ne craint point de chercher l’initiation sous sa grossière enveloppe.

Chaque numéro est précédé d’un sommaire qui en indique à peu près le contenu ; et ces sommaires, destinés à être criés dans les rues, sont toujours conçus en termes propres à piquer la curiosité publique. On jugera par les extraits que nous allons donner, de l’effet que de pareils cris, hurlés par cent aboyeurs des plus sans-culottes, devaient produire à une pareille époque. Nous prenons au hasard, et nous croyons pouvoir nous dispenser de commenter chaque citation, les faits qu’elles rappellent étant suffisamment connus ou faciles à deviner.

« La Grande joie du Père Duchesne à l’occasion de la nomination de M. Mirabeau au commandement du bataillon de la section Grange-Batelière ; sa grande ribote avec lui, et l’accolade de l’abbé Maury. »

  1. Il en paraissait quatre numéros par décade, et le prix était de 50 sous par mois. En tête de chaque numéro, une gravure grossière représente le père Duchesne, la pipe à la bouche, deux pistolets à la ceinture, et brandissant une hache dont il menace un pauvre petit abbé qui le supplie à deux mains. On lit au dessous : Memento mori ; et plus bas : Je suis le véritable père Duchesne, f… ! — À la fin de chaque feuille sont deux fourneaux, dont l’un renversé.