Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/86

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geurs d’hommes, princes, rois, empereurs, papes, qui vous disputez les lambeaux de la république, tous vos projets s’en vont ainsi en eau de boudin… »


« Le Coup de grâce des fermiers généraux et des commis de barrière, ou la grande joie du Père Duchesne sur le décret qui supprime les droits d’entrée sur le vin, la viande et toutes les denrées. »

— « Mille millions de tonnerre ! les voilà donc enfin terrassés, ces fermiers généraux qui ne s’enrichissaient que de la ruine du pauvre peuple ! Ces b… de commis, gagés pour soutenir et multiplier leurs rapines, n’en reviendront pas ! Le temps de leur insolence, f… ! est passé. Ils auront beau apercevoir de loin les jolies villageoises entrer dans la ville : à eux défendu d’y toucher. Oh ! les j…-f…, ils se sont trop souvent permis de prendre des baisers sur ces minois, qui pour être brunis par le soleil, n’en sont pas moins piquants. Je ne parle pas de ces gestes impudents sous prétexte de chercher des marchandises prohibées…

» Ainsi donc, f… ! tous nos lurons qui aiment un peu à lever le coude ne vont plus être écrasés, ruinés par les droits. Un pauvre b…, excédé de fatigue après avoir travaillé tout le jour, et qui pouvait à peine se mettre un enfant de chœur[1] sur la conscience, pourra boire tous les soirs sa chopine. Qu’il me tarde de voir mon ami Jean Bart, et de célébrer avec lui cet heureux événement ! Ah ! f… ! quelle joie ! quelle ribote ! Comme nous allons nous en donner ! Au lieu de boire de la ripopée, nous pouvons désormais nous enivrer avec du Bourgogne, et nous enverrons au f… le vin de Suresnes.

» Ce qui me réjouit le plus, f… ! c’est de voir abattre cette vilaine muraille que les j…-f… de fermiers généraux avaient fait élever avec tant de frais. Ces jolies maisons, ou plutôt ces palais construits par

  1. Un demi-setier de vin rouge.