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glissées dans un de leurs numéros, à l’article de Londres :

« On dit que madame la comtesse de Valdegrave, épouse du duc de Glocester, a obtenu une pension de 5,000 liv. sterl. sur l’établissement d’Irlande. »

L’ambassadeur d’Angleterre se serait plaint de cet énoncé comme d’une indiscrétion désagréable à sa cour, attendu que le mariage du duc de Glocester n’y était pas déclaré ni reconnu, et le duc d’Aiguillon prétexta de ce grief pour destituer les protégés du duc de Choiseul. Il donna leur succession à Marin, censeur de la police.

Ce fut un tolle général dans le camp des lettres. Beaumarchais, entre autres, auquel Marin s’était imprudemment attaqué, le stygmatisa, dans un de ses mémoires, avec cette verve qu’on lui connaît. Remontant jusqu’à son enfance, il le montre gagiste à la Ciotat, où il touchait de l’orgue ; puis il continue :

Il quitte la jaquette et les galoches, et ne fait qu’un saut de l’orgue au professorat, à la censure, au secrétariat, enfin à la Gazette. Et voilà mon Marin les bras retroussés jusques aux coudes et pêchant le mal en eau trouble ; il en dit hautement tant qu’il veut, il en fait sourdement tant qu’il peut. Censure, gazettes étrangères, nouvelles à la main, à la bouche, à la presse, journaux, petites feuilles, lettres courantes, fabriquées, supposées, distribuées, etc., tout est à son usage. Écrivain éloquent, conteur habile, gazetier véridique, journalier de pamphlets, s’il marche, il rampe comme un serpent, s’il s’élève, il tombe comme un cra-