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pas dans ce nombre celles qui sont restées manuscrites, et qui peuvent entrer pour un quart dans le chiffre total. M. Leber (De l’état réel de la presse et des pamphlets jusqu’à Louis XIV) pense que ce ne serait pas exagérer ce chiffre que de le porter à sept ou huit mille. Les contemporains en parlent comme d’essaims de mouches et de frelons qu’auraient engendrés les plus fortes chaleurs de l’été[1]. La Fronde a duré quatre ans, et à peine trois mois s’étaient-ils écoulés depuis la déclaration de la révolte que les Mazarinades se comptaient déjà par centaines. L’Interprète des écrits du temps, s’adressant au Cardinal, vers la fin de mars 1649, annonce huit cents nouveaux venus depuis le mois de janvier précédent :

Huit cens petits livres nouveaux
Qu’on appelle brides à veaux.

Mais la qualité ne répondait pas à la quantité :

Pour moi, après les avoir lus,
Je les nomme des amusettes
Et des tire-sols de pochettes :
Car, interprétant sainement
Le fort de leur raisonnement,
Ôtez les mots qui vous accusent,
Ce sont des fous qui s’y amusent.

Jamais pareille explosion n’avait éclaté en France ;

  1. Quàm sit muscarum et crabonum quùm calet maximè, dit Naudé dans son Mascurat.