Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/310

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gnèrent de se mêler aux conteurs de nouvelles, auxquels ils refusaient le titre d’écrivains. « Un journaliste, écrivait Cléveland a autant de droit au titre d’écrivain qu’un colporteur au titre de commerçant ; quant à l’appeler historien, autant vaudrait qu’on appelât ingénieur un faiseur de souricières. » Il faut bien dire aussi que les premiers rédacteurs de gazettes furent loin de donner à la presse cet éclat et cette autorité qu’elle devait recevoir un jour du talent et du caractère de ses écrivains.

Mais il y a trop de bon sens chez la nation anglaise pour que de pareilles préventions pussent longtemps prévaloir contre l’évidence, pour que les partis ne comprissent pas la puissance de cette nouvelle arme. D’un autre côté, les journaux, au milieu du mouvement général imprimé aux esprits par les luttes de parti, devaient se fortifier, acquérir le sentiment de leur valeur, et, arrivés à ce point, il était impossible qu’ils ne prissent pas fait et cause pour les wighs ou les tories, qu’ils ne se rangeassent pas sous une bannière, celle du gouvernement ou celle de l’opposition. Enfin les sévérités même de la Chambre étoilée devaient, par leurs exagérations, hâter la réaction en faveur de la presse. C’est, en effet, sous la pression de l’irritation populaire, que Charles Ier se détermina à abolir ce tribunal détesté. Cette concession équivalait à la proclamation