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de la liberté de la presse ; aussi vit-on éclore aussitôt des milliers de pamphlets pour ou contre la royauté, pour ou contre l’église anglicane. De nombreux journaux s’établirent à Londres et dans les provinces, et ces journaux firent un premier pas dans le domaine de la politique en reproduisant les débats parlementaires, puis ils s’enhardirent à publier des nouvelles de l’intérieur et à discuter les affaires du pays. Ce n’est pas que ce droit leur fût reconnu : le parlement ne se montra pas plus tolérant que la Cour ; il n’est sorte d’entraves qu’il n’imposât aux journalistes. Ce sont ces persécutions du parlement qui donnèrent lieu aux célèbres pamphlets de Milton en faveur de la liberté de la presse. Mais les journaux avaient dans les nécessités du temps un meilleur avocat encore que Milton. Le parlement et la royauté étaient en lutte ouverte, et des deux côtés on cherchait un appui dans l’opinion publique. On s’aperçut bientôt que les journaux étaient un instrument fort supérieur aux pamphlets ; chaque parti voulut avoir son organe, et, comme en France à la même époque et dans des circonstances à peu près identiques, on se fit la guerre à coups de plume autant et plus qu’à coups de fusil. Seulement, en France, comme nous l’avons fait remarquer, le pamphlet demeura l’arme favorite, tandis qu’en Angleterre ce fut le journal. Les dix-neuf années qui s’écoulèrent de 1641 à la restauration des Stuarts