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virent naître et mourir plus de deux cents journaux. La plupart de ces feuilles tenaient sans doute encore beaucoup du pamphlet mais elles tendaient à perdre ce caractère. Il y avait une polémique suivie entre les journaux de la Cour et ceux du Parlement ; on s’attaquait, on se répondait de part et d’autre ; on se parodiait quelquefois, on s’injuriait très-souvent. Le journal n’était plus un objet de commerce ; c’était un instrument politique.

La restauration des Stuarts porta un rude coup aux journaux ; leur liberté fut restreinte, les persécutions recommencèrent contre eux, et, si Jacques II avait triomphé, toute liberté de la presse, par conséquent tout journalisme, eût cessé d’exister en Angleterre. Mais la révolution de 1688 changea complétement la face des choses, et rendit l’essor à la presse jusqu’à mettre le gouvernement sous son contrôle, suivant l’expression de M. Macaulay. Non-seulement les journaux se multiplièrent, tous les partis en fondant à l’envi, mais leur rôle s’agrandit tout-à-coup, un peu par suite de la faiblesse du gouvernement, mais surtout par suite de la rivalité des deux grands partis qui s’en servaient pour se combattre. Enfin l’activité intellectuelle qui fit du règne de la reine Anne l’âge d’or de la littérature anglaise contribua puissamment encore au développement et à la transformation du journalisme, et depuis lors, malgré l’acharnement des