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C’est-à-dire de Lesselin,
Affamé comme un pou mal plein :
C’est l’imprimeur de cette Muse
Qui fait qu’avec sa cornemuse
En vielleuse elle va jouer
Partout pour gagner le denier
Et faire aller dans son ménage
Un peu de pain et de fromage,
Mais au lieu de quoi bien souvent
Elle n’attrape que du vent :
Témoin son épître dernière,
Qu’on mit à part pour la beurrière,
N’étant digne que de rebut…


Cette Muse de la Cour se composait en effet d’une épître adressée chaque semaine à une nouvelle et éminente personne. C’était, on le pense bien, une manière de se créer un protecteur, un abonné, ou d’extorquer une gratification ; mais on arrive rarement à la fortune par cette voie, et la pauvre Muse allait mourir de faim quand son propriétaire eut l’heureuse idée de l’appeler d’un nouveau nom, en même temps qu’il lui donnait pour rédacteur un homme d’esprit qui devint célèbre, plus tard, par ses comédies en prose et en vers, par sa grande activité littéraire, et aussi par ses querelles avec Racine. T. P. de Subligny, avocat au Parlement, et assez bon poète consentit à publier, à partir du 3 juin 1666, une continuation à la Muse de la Cour sous le titre de Muse Dauphine. Le cadre de la nouvelle gazette fut le même que celui des autres