Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toutes les opinions, à toutes les idées, une lice où se rencontraient et se combattaient, des points les plus éloignés, les plus habiles jouteurs.

Il est bon d’ailleurs de faire observer que ce fut à sa naissance que le Mercure eut à essuyer les attaques les plus violentes, que ce furent les contemporains qui lui donnèrent cette teinte de ridicule qui ne s’est jamais depuis complétement effacée. C’est toujours et partout le sort de toute entreprise qui réussit, d’avoir à lutter contre l’envie ; mais il y eut à cette hostilité contre le Mercure une cause particulière, inhérente à la personne de son fondateur ; il arriva au Mercure ce qui était arrivé à la Gazette. En s’attaquant à la routine, Renaudot avait ameuté contre lui tous les Purgons de la faculté de médecine ; de Visé, par ses critiques peu mesurées, par la violence qu’il apporta dans certaines querelles littéraires, souleva contre son œuvre la gent irritable des poètes. Plus tard l’âpreté que le Mercure apporta dans la défense de son privilége, et ses prétentions au monopole, accrurent encore ces dispositions hostiles.


Donneau de Visé était né à Paris en 1640. Destiné par ses parents à l’état ecclésiastique, il en porta l’habit dans sa jeunesse ; mais, entraîné par un penchant irrésistible vers la carrière des lettres, il n’avait pas tardé à quitter le petit collet. Dès 1663