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velles politiques, aux faits historiques. Il est vrai qu’il accommodait l’histoire au tempérament de ses lecteurs ; mais il n’en présente pas moins une masse de détails, de petits faits, qui importent essentiellement à notre histoire, et qu’on ne rencontrerait pas ailleurs. Sa littérature avait le même caractère de légèreté, de frivolité, si l’on veut, elle n’était pas toujours très-choisie ; mais cela entrait dans le plan de son fondateur : ce qu’il avait voulu faire, nous le répétons, c’était un journal pour tous, un journal de tout le monde. L’applaudissement avec lequel fut accueilli le Mercure prouve tout au moins que son auteur avait bien jugé de la société au milieu de laquelle il vivait.

Malheureusement de Visé porta dans le Mercure cet esprit satirique qui lui était naturel ; il se constitua juge suprême de toutes les matières de goût, et, par un travers qui n’est pas à sa louange, il sembla prendre à tâche de rabaisser le mérite des maîtres, comme Racine et Molière, réservant les éloges et les encouragements aux écrivains les plus obscurs. Ainsi, à propos des Femmes savantes auxquelles d’ailleurs il rend justice, il prend contre Molière la défense de Cotin, déjà immolé par Boileau à la risée publique.


Jamais, dans une seule année, l’on ne vit tant de belles pièces de théâtre, et le fameux Molière vient de faire représenter au Palais-Royal les Femmes savantes, pièce de sa façon, qui est