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« Monsieur le baron, M. Panckoucke m’a appris que vous m’accordiez une gratification de cent écus sur les fonds du Mercure. Je n’en suis pas, M. le baron, à cet état d’humiliation et de détresse qui peut réduire un homme de lettres à accepter une gratification de cent écus. Sans doute il vous sera aisé de faire une disposition plus heureuse de cette somme, et peut-être aussi il est trop de gens assez malheureux pour la recevoir sans honte et avec reconnaissance[1]. »

On lit à ce sujet dans la Correspondance secrète, à la date du 14 juillet 1785 :

« Il est inutile de dire à combien de commentaires cette lettre, rendue publique, a donné lieu. Les militaires et les gens du monde se récrient sur son style : ils prétendent qu’un don du souverain ne peut déshonorer personne. Les gens de lettres, d’un autre côté, disent que la modicité de la somme est véritablement désobligeante pour M. Garat ; ils se rappellent que cet écrivain laborieux a refusé le prix de M. de Valbelle, et qu’il a porté la délicatesse jusqu’à ne point accepter six cents livres de pension que le gouvernement avait retirées à l’abbé Raynal

  1. Garat, le chanteur, avait été plus favorisé que son oncle le philosophe ; il avait obtenu presqu’en arrivant en France une pension de deux mille écus. On sait ce quatrain de Rivarol :
    Deux Garat sont connus : l’un écrit, l’autre chante.
    Admirez, j’y consens, leur talent, que l’on vante ;
    Mais ne préférez pas, si vous formez un vœu,
    La cervelle de l’oncle au gosier du neveu.