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pas encore inventé les petits journaux mais tout le monde ne pouvait pas se donner ce luxe, et d’ailleurs, si l’on en juge par ce qui se passe aujourd’hui chez le peuple le plus spirituel du monde, les parasites spirituels n’étaient sans doute pas très-communs. Il n’est donc pas étonnant que la spéculation se soit emparée des Acta diurna ; des industriels firent commerce des copies de ces actes et Tacite nous apprend qu’on les envoyait dans les provinces et jusque dans les armées [1]. Les auteurs du temps, Cicéron entre autres, parlent de ces entrepreneurs de publicité, et nommément d’un certain Chrestus, dont la feuille, compilatio était célèbre et fort répandue.


Les Acta diurna paraissent s’être continués, à travers des vicissitudes diverses, jusqu’aux derniers empereurs. Quand l’empire tomba, les journaux disparurent : le journal est le signe et le besoin de la vie commune, et les Barbares, après la conquête, dispersés avec les vaincus sur leurs propriétés, ne conservèrent entre eux aucun lien de centralisation ; et pour les moyens d’information, ils étaient probablement, chez tous ces peuples nouveaux aussi élémentaires que ceux que César trouva en usage dans les Gaules quand il y péné-

  1. Diurna populi romani per provincias, per exercitus leguntur. (Annales, XVI, 22.)